Aviation internationale et climat, quels objectifs ?

Un lac S'il est vrai que le secteur du transport aérien est polluant (on parle de 2,8% des émissions de CO2 dans le monde en 2016), peu de personnes connaissent les engagements du secteur pour limiter son impact. En effet, en octobre 2016, l'OACI (ICAO en anglais) a adopté la résolution introduisant CORSIA: Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation. Il s'agit d'un vaste plan international visant à empêcher une hausse incontrôlée des émissions du secteur. Cet article revient sur ce dispositif afin de mieux le faire connaître.

Mais d'abord: Qu'est-ce que l'OACI ?

Logo de l'OACI L'OACI (ou ICAO) est une institution des Nations Unies dont l'origine remonte à la convention de Chicago, en 1944. Elle compte aujourd'hui 193 États membres. Son objectif est de créer des normes et de donner des recommandations qui s'appliquent à l'aviation civile internationale dans le monde entier. En effet, le secteur du transport aérien étant fortement international, il est nécessaire qu'il soit uniformisé entre les différents pays. Parmi les objectifs de l'OACI, il y-a la sûreté du transport aérien, la sécurité, mais aussi l'efficacité de ce mode de transport. L'organisation a parmi ses missions la protection de l'environnement, dont les mesures sont publiées sous l'Annexe 16 de l'OACI.
Site de l'OACI

En quoi consiste CORSIA ?

Graphique schématisant le fonctionnement de CORSIA CORSIA (Carbon Offsetting and Reduction Scheme for International Aviation) est un plan de l'OACI qui figure dans l'Annexe 16 de l'organisation. Son objectif est de limiter la hausse des émissions de CO2 de l'aviation civile. Dans les grandes lignes, CORSIA mesure les émissions moyennes du secteur entre les années 2019 et 2020. Ces émissions permettent de fixer une limite (une ligne de base) pour les années suivantes, à partir de 2021. Si, à cause de la croissance du secteur, les émissions viennent à dépasser cette ligne de base, alors les compagnies aériennes seront dans l'obligation de compenser ce dépassement. Ainsi, le transport aérien vise une croissance neutre en CO2 à partir de l'année 2021, indépendemment de sa croissance : toutes les émissions au-dessus de la ligne de base devront être compensées.

En quoi consistent les compensations ?

Il existe différents mécanismes, programmes ou projets de compensation, auxquels les compagnies peuvent participer. Cela peut consister par exemple en de la reforestation, ou dans le financement de technologies moins polluantes (remplacement des fours de cuisson à charbon utilisés dans certains pays par des modèles plus écologiques fonctionnant à l'énergie solaire, ... )

CORSIA prend-il en compte les biocarburants ?

À partir de 2021, les compagnies pourront effectivement déduire de leurs émissions un certain montant qui dépendra de leur utilisation de certains carburants approuvés par l'OACI. En effet, les biocarburants étant renouvelables (ils ne proviennent pas de puits carbone sous-terrains), le but est d'encourager leur utilisation par les compagnies aériennes. Ces biocarburants doivent cependant répondre à un certain nombre de critères, prenant en compte la pollution générée par leur cycle de vie, avoir été certifiés comme durables, ... CORSIA devrait donc accélérer l'adoption des biocarburats dans l'industrie aéronautique, ces types de carburants restant encore aujourd'hui minoritaires. Il est estimé que l'adoption massive des biocarburants permettra de réduire de 70 à 80% les émissions de CO2 de l'aviation. Ces carburants sont également une bonne occasion de recycler certains déchets pouvant entrer dans leur composition, comme des déchets agricoles ou des huiles usagées. Il existe en effet plusieurs générations de biocarburants, et si la première génération était décriée comme pouvant créer des tensions avec les cultures alimentaires, les nouvelles générations sont appelées à résoudre ce problème.

Existe-il des limites à CORSIA ?

L'OACI définit des normes relatives à l'aviation civile internationale. Ce qui signifie que les vols domestiques (dont les aéroports de départ et d'arrivée se situent dans le même pays) ne sont pas automatiquement concernés par CORSIA. C'est donc une limite de ce dispositif. Certaines compagnies ont néanmoins décidé de compenser l'impact de leurs vols, comme Air France (pour l'instant sur les vols domestiques uniquement) ou easyJet (sur l'ensemble de ses vols). D'autres compagnies proposent directement au passager le paiement d'un supplément optionnel pour compenser leur vol.
Par ailleurs, la crise du Coronavirus devrait faire fortement chuter les émissions du transport aérien en 2020, année qui devait servir de référentiel pour les calculs de compensation des années suivantes. Il semble donc inévitable que le dispositif doive être adapté pour prendre en compte l'impact imprévu de cette crise.

Pour toutes questions plus détaillées concernant le fonctionnement de CORSIA, il existe une section FAQ sur le site de l'OACI.

Publié le : 08/05/2020